L’approche globale multi-échelle du vivant doit permettre de lever les goulets d’étranglement que rencontre actuellement l’industrie pharmaceutique et biopharmaceutique dans la découverte et le développement de nouvelles thérapies, ainsi que la médecine régénérative dans sa démarche de reconstruction des organes. Au-delà du domaine strict de la santé, répondre aux besoins de la bioproduction, de l’agroalimentaire et de la chimie verte exploitant à l’aide de systèmes modèles biologiques est un enjeu qui relève de la même problématique.
Les technologies modernes de découverte de molécules bioactives ou biocompatibles combinées à celles de l’imagerie, de la génomique fonctionnelle, de la biologie cellulaire ou encore de la biologie structurale constituent un cadre de travail unique pour comprendre le vivant, soigner les pathologies orphelines, rares ou émergentes, cibler les phénomènes de résistance, traiter les traumatismes, et pour adresser la question de la qualité de la vie tout au long de l’existence.
Toutefois, la prédictibilité limitée qu’offrent les systèmes modèles dans les différents domaines du développement du médicament, de la médecine de précision, de la pharmaco génomique et de la médecine régénérative, reste un obstacle majeur et rend compte d’un taux d’attrition important de solutions thérapeutiques (petite molécules, biomolécules, cellules etc..).
Le GT Organoïdes aborde cette question de la prédictibilité des systèmes modèles et envisage l’utilisation potentielle de substituts tissulaires, ou organoïdes, en complément des modèles animaux couramment utilisés.
Le développement de tels outils fait appel à des compétences en biologie, en physique, en informatique et en chimie des biomatériaux, et l’engouement des chercheurs et du public est lié à la perspective d’aller directement de l’homme malade à l’homme guéri, sans intermédiaire.
Des attentes du même ordre sont identifiées dans les domaines de la bioproduction de molécules, par exemple thérapeutiques, substances naturelles et leurs métabolites, alicaments …), de virus ou de de tissus. L‘organoïde dans ces cas peut combiner différentes lignes de production, et à l’instar d’une usine 4.0, gérer les flux de ces lignes de production de manière optimale.
Notre capacité d’innovation dans ces domaines aura des implications dans le développement de l’industrie de demain.
Pour aborder l’ensemble des aspects liés à l’usage des organoïdes, l’ITMO « Technologies pour la Santé » a mis en place un groupe de travail qui s’est donné pour mission d’aborder quatre thèmes liés à l’étude et à la manipulation des organoïdes :
Dans le domaine de la recherche cognitive, le groupe de travail organise des réunions scientifiques, ateliers et colloques rassemblant les acteurs pour échanger sur leurs pratiques et leurs résultats, à l’instar du colloque « Regenerative Medicine » organisé à Paris en octobre 2018. Il recueille les informations relatives aux progrès réalisés et aux obstacles rencontrés pour en informer les tutelles et les agences de financement et promouvoir l’usage des organoïdes en remplacement d’animaux dès lors que cela est raisonnable.
Il suscite aussi la construction de réseaux de recherche exploitant les organoïdes, spécifiquement dans la recherche sur le médicament, de la médecine personnalisée ou de la transplantation.
Pour faire émerger les bonnes pratiques dans la production, la caractérisation et l’usage des organoïdes, le groupe de travail s’attache à identifier les méthodes robustes de production d’organoïdes et les sites où ces méthodes sont mises en œuvre sur des plates formes ouvertes. Il soutient leur démarche de labélisation et leur réunion en un réseau échangeant sur leurs bonnes pratiques, leurs spécificités et leurs complémentarités.
Nous réfléchissons à l’opportunité d’implémenter une infrastructure de recherche dont l’objet sera de favoriser et dynamiser les échanges aux interfaces de la biologie cellulaire, la biologie du développement, la chimie des matériaux, la fluidique, la physique et la modélisation pour développer de nouveaux outils pour la santé.
Des actions de formations pourront être entreprises en direction des étudiants des universités et écoles d’ingénieurs en s’inspirant des démarches de pédagogiques stimulantes ayant conduit au développement de la biologie synthétique. Ainsi, la mise en place d’un concours sur les organoïdes, adressé aux étudiants en Master et écoles d’ingénieurs, sera un excellent prétexte à communiquer sur les avancées et les perspectives liées aux organoïdes, et à disséminer les connaissances et les bonnes pratiques parmi les futurs acteurs de la recherche, de la santé et des industries en biotechnologies.
Dans le domaine du transfert technologique et de l’innovation, on voit fleurir jeunes pousses spécialisées dans la production d’organes sur puces au niveau international. La France est un pays légèrement en retrait dans le domaine. Nous entreprenons une étude de la capacité d’innovation dans le domaine de l’innovation et concevons nos actions de sorte que les initiatives proposées ci-dessus créent les conditions d’un dynamisme économique.
L’anticipation des problèmes sociétaux et médicaux liés à l’exploitation des technologies biologiques modernes est un enjeu majeur. Le groupe de travail se rend acteur dans l’incitation d’un débat citoyen sur ces questions. Différentes pistes d’actions seront explorées et font appel à la capacité d’innovation du groupe de travail.
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